4 astuces pour écrire plus vite

Je ne vais pas vous parler de faire le vide pour canaliser son inspiration  ou de techniques pour apprendre à faire des plans. Cet article n’a pas pour sujet l’écriture au sens d’activité créatrice, mais l’écriture d’un point de vue matériel, le nombre de mots que vous êtes physiquement capable d’écrire en un temps donné.

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Photo by Thomas Lefebvre on Unsplash

1. Apprenez la dactylographie

Vous pensez que parce que vous utilisez l’index et le majeur de chaque main et que vous ne cherchez pas désespérément le Y sur le clavier comme votre oncle Jean-Michel, ça va ? Si vous n’êtes pas capable de taper à dix doigts en ne regardant que l’écran, c’est que vous avez bien besoin d’une remise à niveau. Il y a des tas de sites pour apprendre en ligne, et pas mal d’entre eux sont gratuits et plutôt bien faits. Il existe aussi des cours en ligne payants et des logiciels.

C’est sûr, vous y passerez quelques heures, et les premières leçons à taper des rangées de ffff jjjj ffff jjjj ffjj ffjj jjff jjff peuvent être assez frustrantes. Mais vu le temps que vous gagnerez par la suite, c’est un investissement largement rentabilisé.Capture d_écran (68)

Pour vous donner une idée, je suis à 63 mots par minutes avec ce test qui semble être le paradis des joueurs de scrabble, et je tourne autour de 80-90 (j’ai même eu une pointe à 100 mots par minutes une fois) avec ce test-là qui utilise au contraire des mots très commun.

Et puis, maîtriser la dactylographie, ce n’est pas qu’une affaire de temps : taper en regardant l’écran permet de réduire considérablement les problèmes de mal de dos liés à une mauvaise posture devant l’ordinateur.

2. Choisissez un bon clavier

D’abord, au niveau du matériel, assurez-vous que votre clavier vous convient. Touches à course courte (comme les claviers d’ordi portable), à course longue (plus hautes), clavier mécanique (ressort sous chaque touche : la frappe est plus dure, on risque moins les erreurs), sans compter les différentes options d’ergonomie : il y a des tas de claviers différents. N’hésitez pas à tester et à vous équiper de ce qui vous réussit le mieux.

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Et puis tant qu’on en est à parler matériel, arrangez-vous un poste de travail digne de ce nom. Une chaise à la bonne hauteur, avec un dossier confortable, et un écran à la hauteur des yeux ! On écrit moins vite quand on a un torticolis ou une tendinite…

Ensuite, saviez-vous que la disposition AZERTY n’est pas du tout la plus adaptée pour taper vite et sans se fatiguer ? D’autres dispositions, conçues spécialement pour le français, ont été inventées. Il y a quelques années, j’ai essayé de me mettre au BÉPO, mais ça n’a pas fonctionné pour moi : « désapprendre » AZERTY me demandait trop d’énergie. Mais si, convaincus par mon article, vous vous lancez juste maintenant dans l’apprentissage de la dactylo, autant le faire avec une disposition de clavier plus ergonomique !

3. Essayez la dictée

Et comme malgré un poste de travail correct, il m’arrive d’avoir le poignet douloureux, je repose parfois mes articulations en dictant. J’entends généralement dire du bien de Dragon Naturally Speaking, mais comme il est payant et que je suis fauchée*, je me suis rabattue sur une solution en ligne gratuite. J’utilise donc une application qui s’appelle Speechnotes, qui fonctionne bien et est très simple d’utilisation.

Malgré tout, dicter me prend plus de temps que taper car si l’affichage de ma phrase à l’écran est quasi instantané, il y a toujours des corrections à faire : réécrire un prénom que l’application ne connaît pas, sans compter tous les problèmes d’accords et de conjugaison et les tirets cadratins et espaces insécables qu’il faut rajouter. C’est pour cela que ça reste pour moi une solution alternative, pour me reposer ou simplement pour changer un peu quand j’en ai marre de bosser. Dicter a un petit côté ludique et me permet aussi parfois de rester plus concentrée sur mon texte. Et puis dicter une scène érotique avec votre amoureux.se à côté : effet garanti !

Cela dit, si vous êtes plutôt à 40 mots/min qu’à 80, même en devant corriger quelques mots derrière, la dictée vous permettra sans doute d’être plus rapide. À essayer !

4. Optimisez votre traitement de texte

Bon, on en vient à mon petit secret que j’ai décidé de partager avec vous. Quand je suis sur mon ordi, je suis capable de taper à la vitesse de la pensée (enfin, des fois mes pensées sont carrément plus lentes que mes doigts), soit nettement plus vite que 80 mots par minute. Certains traitements de texte (OpenOffice, par exemple) ont un système d’autocomplétion, mais je n’ai jamais été à l’aise avec ça parce que je tape suffisamment vite pour que ça me ralentisse plus qu’autre chose s’il ne me propose pas le bon mot, que je le valide par automatisme et que je doive revenir en arrière.

Du coup, j’ai mis au point mon propre système, qui consiste à détourner les corrections automatiques pour en faire un répertoire d’abréviations. (Je vous explique comment faire sur Word parce que c’est celui que j’utilise, mais normalement, on peut faire pareil avec OpenOffice.)

Pour y accéder : Fichier > Options > Vérification > Options de correction automatique. Cela dit, il est plus rapide de pousser Word à faire une correction automatique : par exemple, si vous commencez une phrase sans majuscule, il va la rajouter sans vous demander votre avis. Il suffit alors de passer la souris sur le mot qui a été modifié, et apparaît ce petit éclair avec une flèche. Cliquez dessus, et il vous proposera d’ouvrir les corrections automatiques.

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S’ouvre alors une fenêtre avec un tableau tout simple :

Remplacer : _____________    Par : ______________

À vous de définir quelles sont les abréviations qui vous seront le plus utiles. En ce qui me concerne, je tape les trois lettres « pdv » ou « sdb » et Word affiche « point de vue » et « salle de bains ». J’ai des dizaines d’abréviations de ce type, et ça me fait gagner un temps fou. Sans mentionner que si vous vous faites des noeuds au cerveau pour retenir l’orthographe du prénom polonais de votre personnages, tapez « kr » et Word écrira « Krzysztof » à votre place. Malin, non !

J’espère que ces petites astuces vous auront été utiles ! Ah, et si vous faites le test, dites-moi quelle est votre vitesse en mots par minute, je suis curieuse ! 😉

 

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3 trucs qui alourdissent votre style

Les auteurs débutants ont un défaut majeur je crois : ils veulent trop bien faire. Et donc ils en font trop, ils rajoutent des mots en trop, ils vont chercher des mots plus compliqués que nécessaire, et ça donne un style scolaire, pas fluide, irritant.

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Si vous vous sentez visé, ne le prenez pas mal. Laissez reposer un peu votre texte, et reprenez-le en ayant ça en tête. Ne désespérez pas, ces défauts de style que je pointe ici, je les retrouve quand je relis de vieux textes à moi. C’est normal. Tout le monde passe par là. On essaie tous de « trop » bien faire au début.

Ce « trop bien faire » passe surtout par l’envie de montrer au lecteur l’étendue de son vocabulaire, donc mettre le plus de mots possibles par phrase, et surtout, surtout, éviter les répétitions, parce que tout le monde sait que les répétitions, c’est le mal. Sauf que… Lire la suite

3 conseils pour trouver l’inspiration

Vous voulez trois conseils pour trouver l’inspiration quand vous êtes en manque d’idées ? Voilà les miens :

  • Faites des insomnies
  • Prenez des douches
  • Marchez

Plus sérieusement ?

1. Trouvez l’activité qui vous met dans le bon état d’esprit

Effectivement, pour moi, c’est les trois que j’ai listées au-dessus. Alors bon, non, je fais pas spécialement exprès d’avoir des insomnies, mais quand ça arrive, ça débloque carrément mes intrigues. Souvent, je commence à écrire parce que j’ai envie d’écrire, tout simplement, mais ça veut pas dire que j’ai une intrigue bien fixée dans ma tête. C’est plus une idée vague, des fois simplement une atmosphère ou un thème que j’ai envie d’explorer. Alors je commence mon texte et je me retrouve bloquée. Je regarde mon traitement de texte dans le blanc des yeux en me demandant ce que je vais bien pouvoir inventer ensuite. Lire la suite

Écrire pour vivre, ou vivre pour écrire ?

Écrire pour vivre, dans le sens “vivre de son écriture” est une question que les auteurs en herbe se posent terriblement souvent. “Est-ce que j’écris assez bien ? Est-ce que je pourrais, moi aussi, écrire un (ou plusieurs, soyons fous !) bestsellers ? Est-ce que je pourrai un jour en vivre ?”

Assez tristement, la réponse à ces deux dernières questions est presque toujours “non”. Bien sûr, il y a des façons de promouvoir ses écrits, de les mettre en valeur, de les vendre, pour parler franchement. Mais avant d’en arriver là, je voudrais qu’on commence par la base. Avant de se prendre pour J.K. Rowling, je voudrais qu’on se demande comment écrire. Pour publier quelque chose de correct, il faut forcément en passer par là (sauf si on s’appelle Maxime Chattam, mais gardez à l’esprit que les intrigues bien ficelées ne font pas toujours un bon écrivain.)

Un des meilleurs conseils qu’on pourra vous donner serait : “Écris tous les jours.” Et selon moi, le pire conseil que vous pourriez respecter serait : “Ne fais que ça.”

Pourtant, c’est tentant. Allez, qui ne l’a jamais souhaité ? Toute la journée devant son ordi, tranquille peinard, à tapoter sur son clavier sans se soucier de rien, ni aller au travail. Le rêve. Mais est-ce que c’est si bon que ça pour la qualité de ce que vous écrivez ? Possédez-vous assez de matière créative brute pour vous passer d’une vie à l’extérieur, où vous voyez du monde, où vous entendez des histoires ?

Je vais me calmer avec mes questions rhétoriques et expliquer clairement mon avis : non, je ne pense pas que ce soit possible de créer quelque chose de qualité sans jamais sortir de chez soi. Je pense que le processus créatif qui précède l’écriture nécessite que l’on fasse sans cesse l’expérience de nouvelles choses.

Pour moi, les idées viennent souvent quand je traverse un lieu particulier, je pense notamment à une rue sur mon chemin entre chez moi et la gare où je dois me rendre chaque matin. À chaque fois que je passe dans cette rue, je pense à une histoire en particulier qu’elle m’a inspirée, et à chaque passage, l’histoire devient un peu plus complexe. J’imagine de nouveaux détails, de nouvelles ramifications au sein du récit, je tourne une scène précise dans tous les sens. Passer là tous les jours me permet de travailler mon récit quotidiennement, sans forcément m’asseoir devant mon fichier de texte.

Mais on peut aussi s’inspirer de ce qui existe déjà. C’est bien connu, on n’invente plus rien, et ce depuis la nuit des temps. On ne fait que broder et réinventer avec notre voix des fractions d’histoires que nous ne pouvons pas avoir inventées de toutes pièces. Alors pourquoi ne pas puiser directement dans la vie réelle pour nourrir vos histoires ? Rien ni personne ne vous oblige à réutiliser ces sources d’inspiration telles quelles. Lorsque j’avais dix ans, je prenais le soin de chercher dans le calendrier des prénoms qui n’étaient portés par absolument personne de ma connaissance, de peur que les gens croient que je les avais intégrés à mes histoires. Déjà, mes personnages s’appelaient assez vite Eugénie et Prosopopée (après avoir épuisé le calendrier, j’étais passée au dictionnaire. On n’arrivera jamais à expliquer aux nouvelles générations la vie sans internet.)

Aujourd’hui, j’ai changé de tactique : je mélange tout. Je prends toutes les idées qui m’intéressent et me font vibrer, je mets tout sur un grand canevas (figurativement) et j’essaie de les relier à d’autres choses que j’ai déjà en magasin, je construis des ponts, je reviens modifier un détail, puis un autre, j’insère en cours de route un élément d’une conversation que je viens d’avoir, saupoudré d’un peu d’un souvenir qui me semblait aller avec. À la fin, je secoue tout très fort, et je me retrouve avec la feuille de route d’une histoire. À partir de là, je me lance dans l’écriture, et il y a énormément de chances que ça n’ait plus grand-chose à voir avec les sources “pures” de mon inspiration.

Voilà pourquoi je pense qu’un des conseils d’écriture les plus précieux reste de vivre au moins autant qu’on écrit. L’écrivaillon en chacun de nous affectionne particulièrement le confort moderne d’un bureau éclairé, chauffé, confortable, avec un contact minimal avec l’extérieur et des sources infinies d’information grâce à Wikipédia, Youtube et consorts. Ces sources existent et ce serait stupide de s’en priver. Ce serait très hypocrite de ma part de soutenir le contraire : j’ai assisté le mois dernier à un MOOC (un cours d’université en ligne gratuit) sur la médecine légale, un petit fantasme pour beaucoup d’auteurs qui ne peuvent pas tous se payer un master 2 spécialisé mention médico-légal.

Par contre, il ne faut pas se limiter à ces sources. Pour faire vibrer vos textes, il faut vibrer vous-même, et pour ça, il faut se salir les mains. Marchez pieds nus dans l’herbe. Restez debout sans bouger sous la pluie pendant une minute entière. Regardez les gens dans les transports, dévisagez-les, demandez-vous si vous ne pourriez pas obtenir une super description de personnage en mélangeant les visages de deux personnes assises près de vous dans le wagon. Prêtez attention aux voix et aux intonations. Enregistrez l’attitude et la personnalité des gens qui vous entourent. Intéressez-vous aux autres pour pouvoir donner des professions variées à vos personnages. Écoutez les gens vous parler de ce qui les intéresse.

La meilleure base du récit de fiction, ce sont des morceaux de réalité.