J’ai récemment lu ce qui reste ma meilleure découverte littéraire de 2014 : la trilogie de l’Épreuve, écrite par l’Américain James Dashner. C’est une série de romans pour ados, qui se déroule dans un univers dystopique qui penche vers le post-apocalypse, l’horreur et le suspense, parfum “Sa majesté des mouches”. Au cas où on manquerait encore d’étiquettes, sachez que cette série est aussi souvent comparée à la trilogie des Hunger Games de Suzanne Collins.
Je ne tiens pas à essayer de comparer les deux séries, qui me semblent d’ailleurs assez opposées. Non, ce que je viens vous dire dans cet article, c’est que la trilogie de l’Épreuve est vraiment excellente, et que ce serait dommage de passer à côté.
Dès les premières lignes, on suit un héros adolescent prisonnier dans un ascenseur en train de monter. Il ne se souvient que de son nom : Thomas. Quand l’ascenseur s’arrête enfin, il se retrouve parmi une cinquantaine de garçons dépenaillés dans un lieu parfaitement inconnu, où personne ne répond à ses questions. Il apprend petit à petit qu’ils vivent en bordure du Labyrinthe, dont les portes se referment la nuit pour permettre aux murs de changer de position pendant que des monstres s’y baladent. Thomas est déterminé à devenir un coureur, et à parcourir les méandres du labyrinthe avant la tombée de la nuit afin de trouver la sortie de cet endroit cauchemardesque…
Dans cette histoire, il est impossible de critiquer l’intégralité de la trilogie sans révéler des points clef de l’intrigue, qui constituent le principal intérêt de toute la série. Je vais donc rester volontairement très vague.
Je conseille à tous les auteurs en herbe d’y jeter un coup d’œil : la narration de James Dashner est parfaitement maîtrisée, le suspense est haletant, le mystère rend fou. L’auteur distille petit à petit des éléments qui permettent d’avancer l’histoire, et plus on en sait, plus on comprend que l’on ne sait rien. Chaque réponse appelle dix questions, dans une fuite en avant qui tient le lecteur en haleine à travers les trois tomes. Attention, c’est une série pour ado, mais elle est violente, mieux vaut ne pas la mettre entre les mains des plus jeunes. Vous pensiez que dans Game of Thrones, c’était l’hécatombe ? Attendez de lire l’Épreuve… Par contre, il n’y a pas de scènes osées, car dans un contexte où on ne sait pas si les personnages survivront jusqu’à la fin du paragraphe, on a autre chose à faire que de se préoccuper de sexualité adolescente.
L’auteur réussit parfaitement à poser la question de la véracité de la situation présentée. Lorsque Thomas arrive devant le Labyrinthe, au tout début, il ne sait pas qui il est, à qui il a affaire, ni où il se trouve. Petit à petit, on va lui expliquer certaines choses, il en devine d’autres, mais beaucoup se retrouvent en conflit. Très vite se pose la question de qui croire, et cette problématique est poussée à l’extrême. Saint Thomas ne croit que ce qu’il voit, mais notre héros Thomas aimerait bien pouvoir croire ce qu’il voit… Pourtant, il est forcé de tout remettre en question dans un monde où il n’a aucun repère. Sa perception de la réalité est testée en permanence, il en viendrait à soupçonner tout et tout le monde du pire, y compris lui-même, car comment il arrive un moment où il se demande s’il peut se faire confiance à lui-même…
La galerie de personnages est tout aussi intéressante. Les petits héros sont attachants, cohérents et bien développés. On peut regretter que trop peu des cinquante garçons soient nommés, au profit d’un petit groupe d’une quinzaine de personnages récurrents. Après avoir vécu des mois devant le Labyrinthe, les garçons ont même développé leur propre argot, qui contribue à renforcer le sentiment d’étrangeté du lieu et à construire une identité commune à tous ces grands enfants.
C’est bel et bien mon plus gros coup de cœur de l’année pour l’instant, et nous sommes en juin… C’est une trilogie que je conseille à tout le monde, à partir de douze ans. Je la recommande aux auteurs qui auraient envie de comprendre les mécanismes d’un mystère bien construit et d’une narration impeccablement maîtrisée, au sein d’un récit incroyablement dynamique.