Épatant, n’est-ce pas ?
Soyons honnêtes, vous ne m’avez probablement pas attendue pour dévorer les Harry Potter, ainsi que quelques phénomènes littéraires, et vous relisez sans doute avec nostalgie les piliers littéraires de votre enfance et de votre adolescence. Mais lisez-vous des nouveautés en littérature jeunesse dont vous ne savez que peu de choses, pour votre propre plaisir, simplement parce que vous en avez envie ?
Si vous ne le faites pas, vous n’en mourrez certes pas tout de suite… mais vous passez peut-être à côté de beaucoup de choses que vous auriez adorées.
Vous avez peut-être remarqué, si vous êtes lectrice ou lecteur de Métafaure, que j’écris presque uniquement des chroniques de littérature jeunesse. Pourtant, je ne travaille pas avec des jeunes, ce n’est pas mon boulot, et je n’ai plus dix-huit ans depuis trop longtemps ! Non, je lis des livres jeunesse parce que j’aime ça. Pour de très nombreuses raisons, que je vais vous synthétiser ici.
Je me dois d’être tout à fait honnête, une fois passée la porte de sortie de l’adolescence, j’ai surtout continué à lire des livres jeunesse parce que les séries qui avaient bercé mon adolescence ne s’étaient pas arrêtées par simple courtoisie à mon égard, et j’avais tout de même envie de savoir dans quoi Alex Rider allait bien pouvoir se fourrer cette fois… Puis, petit à petit, je me suis rendue compte que les livres « d’adultes » ne me transportaient pas forcément autant, aussi vite, que les romans pour ados. Et que, même, parfois, un roman pour enfants.
Des lectures captivantes
Un roman de littérature jeunesse, lorsqu’il est mauvais, cela saute aux yeux, en quelques paragraphes on arrive à voir si la lecture se fera… ou pas. Tandis que si le livre est bon, on est happé dès les premières lignes. Alors j’ai peut-être un problème de passage vers la littérature adulte, mais je pense qu’il serait possible de compter sur les doigts d’une main les romans de littérature pour adulte (blanche, fantastique, historique… à l’exception peut-être de la bit-lit, que je trouve un peu coincée entre les deux) qui m’ont happée dès le début. Prenez Cent ans de solitude. Une œuvre grandiose. Et pourtant, malgré toute la bonne volonté du monde, il aura fallu qu’une prof de fac me le colle en lecture obligatoire pour que je fasse enfin l’effort de rentrer dedans. Le livre valait très largement l’effort fourni, mais ça, on ne l’apprend qu’au bout de plusieurs chapitres. Souvent, je suis séduite par le début d’un roman, et puis petit à petit, l’auteur me laisse tomber en cours de route.
Bien entendu, je ne suggère à personne de se cantonner à la littérature jeunesse, ce serait passer à côté de la quantité phénoménale de bons romans qui existent. En ce qui me concerne, j’ai dévoré la série Cherub de Robert Muchamore avec autant de plaisir et à la même allure que la saga Pendergast de Douglas Preston & Lincoln Child. La première parle d’agents secrets de moins de dix-huit ans, la seconde suit un agent du FBI. Les deux comportent entre dix et quinze tomes, un avantage qui promettait d’attirer la boulimique de lecture que je suis.
Une littérature innovante
Une autre raison pour laquelle il faut lire des livres jeunesse sous peine de passer à côté de quelque chose de vraiment cool : en jeunesse, les auteurs osent davantage. Les éditeurs, visant un tirage plus limité qu’en littérature pour adultes, prennent le risque de publier des histoires plus variées, différentes, audacieuses, riches et intéressantes. On a souvent un mélange de genres qui chez les adultes ne passe jamais l’étape de la publication. Et ça, pour moi, c’est une véritable bouffée d’air frais, dans ce monde où les livres qui se retrouvent sur les tables des libraires se suivent et se ressemblent tous. Là où l’originalité d’un auteur pour adultes se doit nécessairement d’être couplée à une plume absolument magistrale pour espérer pouvoir se retrouver en librairie, on pardonne plus facilement à un roman jeunesse lorsqu’il est simplement très bon plutôt qu’absolument génial. Attention, cela ne signifie pas pour autant qu’il y a du relâchement du côté des lectures des plus jeunes ! Si vous êtes victimes de cette idée reçue, vous pouvez toujours essayer d’ouvrir un livre de Lemony Snicket.
Une autre raison pour laquelle j’ai personnellement plus de plaisir à camper dans la section jeunesse des librairies, c’est quand même aussi parce qu’avec des bouquins aussi jolis, la déco est tout de même nettement plus engageante. Suis-je la seule à avoir des souvenirs de ma librairie habituelle dont la section jeunesse était colorée et attrayante, alors que du côté des adultes, on n’avait que des rayonnages blancs impersonnels et anonymes, parmi lesquels on ne pouvait se repérer que grâce aux étiquettes qui avaient la gentillesse de nous informer que l’on était devant l’étagère « Policier », « Ésotérisme », ou « Littérature traduite »? (Vous ne voyez pas de quoi je parle ? Peut-être que ce petit générateur de couvertures vous semblera familier) Alors certes, aujourd’hui les livres sortent également en grand format, deux fois plus gros, quatre fois plus cher… Si cela permet d’égayer les tables, ma foi tant mieux ! Et puis il faut bien leur trouver un usage, à ces livres en format de luxe, puisque de toute façon je suis loin d’avoir le budget nécessaire pour les acheter. Ainsi, j’ai remarqué que contrairement aux livres pour adultes, les livres jeunesse ont une couverture souvent bien plus colorée, originale, dont le but est bel et bien de transmettre la vraie identité du livre. J’ai par contre remarqué que les librairies anglophones ne souffrent pas de ce problème des livres pour adultes aux couvertures interchangeables, les adultes qui parlent la langue de Shakespeare n’ont aucun scrupule à se faire plaisir en concevant les couvertures de leurs livres, et c’est tant mieux, j’apprécie beaucoup.
Plaisir de lire
Et enfin, une dernière raison pour laquelle je lis encore des livres jeunesse alors qu’il paraît que j’ai passé l’âge : j’aime lire. J’aime lire des histoires qui me passionnent. Pourquoi me priver de quelque chose simplement parce que je n’en aurais plus l’âge ? Il m’arrive encore de me faire des tartines de Kiri, et si je veux les manger en lisant L’École des chats, c’est mon problème. En attendant, je ne me priverai pas du plaisir que me procure la lecture d’Origami Yoda simplement parce que le niveau de lecture est particulièrement simple.
Lisez-vous de la littérature jeunesse ? Jeunesse, jeunes adultes… Vous avez peut-être beaucoup d’autres raisons à rajouter à cette liste. Et si vous n’en lisez pas, pourquoi ce choix (s’il est conscient) ? En tout cas, je ne peux que vous encourager à piocher dans la section jeunesse de votre librairie ou de votre bibliothèque (votre libraire et votre bibliothécaire sauront vous conseiller si vous êtes perdu-e, c’est leur métier !) et de vous attendre à passer un bon moment.
Excellent article ! Je lis beaucoup de jeunesse pour ma part, avec pour l’instant l’excuse facile de « mais c’est pour mes enfants » et je me retrouve beaucoup dans les propos.
Super article! Et tellement vrai ! Je suis dans le même cas que toi (bon j’en ai aussi fait mon métier, professeur documentaliste), j’ai besoin de garder cette part d’enfant, d’adolescente en moi. Les univers de la littérature jeunesse sont divers et variés et tellement prenants ! C’est vraiment dommage que les adultes se désintéressent souvent de ce type de lectures, même les profs n’en lisent pas en général et pourtant cela leur permettrait de mieux connaitre leur élèves 🙂